L'école est réservée aux garçons. On estime que les filles ne doivent recevoir que l'éducation qui sera utile à leur fonction d'épouse et de mère. Elles apprennent à cuisiner, à conserver les aliments, à prendre soin des enfants, à repriser les vêtements, bref à tenir maison. Les jeunes filles plus riches ont droit à un supplément en arts. Elles expérimentent le chant, la lecture, l'écriture, le crochet, l'art des travaux à l'aiguille, la musique. Elles peuvent même apprendre à jouer d'un instrument musical. Grâce à l'intervention de madame de Maintenon (1635-1719), l'école Saint-Cyr est édifiée en 1686, et les filles les plus pauvres de la noblesse ont dorénavant droit de fréquenter une institution scolaire.
Jusqu'à l'aube du 19e siècle, la plupart des écoles restent misérables et sans grandes ressources. Les enfants n'ont pas de bureau ou de chaises, le papier n'est pas accessible, les crayons pas davantage. On apprend les chiffres et les lettres à même le sol et on les trace à l'aide de bâton ou de branche taillée. Évidemment, cette réalité est celle des enfants de roturiers et de paysans. Les fils et filles de familles aristocratiques reçoivent, pour la plupart, une éducation spécialement adaptée, dispensée par un ou plusieurs précepteurs attachés à leur seule maison.
Il faut attendre l'année 1881 pour qu'un progressiste du nom de Jules Ferry (1832-1893) vienne changer la donne dans le monde de l'éducation. Promu au gouvernement comme ministre, il édicte des lois qui prescrivent l'école obligatoire et gratuite pour tous, filles et garçons, pauvres et riches confondus. De plus, il retire l'école du tutorat religieux et la rend laïque, ce qui permettra ultérieurement un enseignement libéral et plus objectif, désormais libéré des interdits idéologiques imposés par l'Église.
Certes, la petite école de cette première vague de révolution scolaire ne se lance pas d'emblée dans les chambardements technologiques. Elle reste très modeste dans ce quelle offre comme matériel d'apprentissage, mais peu à peu, on y ajoute les bureaux, les chaises, les cahiers, les plumes et l'encre, les bouliers pour le calcul, les chaînes d'arpenteur pour les mesures, les balances pour les poids ainsi que les manuels scolaires.
Grâce à cette évolution de l'école, il n'existe presque plus d'analphabètes en France. L'école, obligatoire jusqu'à 16 ans, permet aujourd'hui à 60 % de la population étudiante d'obtenir un baccalauréat et de poursuivre ensuite des études supérieures. Or cet investissement, fait par ce sacré Charlemagne, il y a près de 1300 ans, aura eu, malgré qu'il en fasse soupirer plus d'un à la rentrée, la vertu de faire du peuple français un peuple cultivé et fier de son savoir !