La vie des matelots et des marins de l'époque est rude et sans plaisir. Embarqués sur des bateaux pour échapper à la misère terrestre, les hommes subissent humiliations et privations.
Aussi, le mythe des flibustiers qui s'offrent victoires, rhum et femmes est tout indiqué pour pousser les marins à la désertion. Cette promesse d'un monde meilleur, d'un monde d'aventures dans lequel le courage est enfin récompensé, grossit les rangs de la confrérie des pirates.
Autour de 1716, on estime à environ 5000 le nombre de brigands qui sévit sur les voies de navigation marchande.
Les pirates seront les premiers à créer une sorte d'esprit de fraternité sur les bateaux. Le monde de la marine, jusque-là totalement soumis aux exigences d'un capitaine bien souvent inhumain, et de quelques seconds tout aussi tortionnaires, apprend du mode de vie des pirates.
Utopistes, humanistes, les sociétés de pirates fondent leurs valeurs sur des principes d'entraide collective et d'égalité entre individus. Chaque homme ou femme est jugé selon sa valeur et selon les services qu'il rend à la communauté.
Le chef est élu par la majorité et les décisions sont approuvées en fonction d'une majorité également.
C'est peut-être ce côté très humain que les auteurs de romans de piraterie ont su dénicher sous la cruauté crasse que l'on prêtait à ces seigneurs des mers.
C'est peut-être aussi la raison qui fait que la plupart des personnages de pirates, sous leurs dehors terrifiant, balafré, amputé, édenté, ont toujours bon cœur, bon fond ; le bon vieux papy presque… Ou le séduisant corsaire…
Sans compter les extraordinaires figures féminines qui ont très nettement marqué cet univers viril et sans douceur, donnant lieu à de nombreuses aventures littéraires.
Ce monde de la flibusterie et de la piraterie avait tout pour créer le romanesque. Jusqu'aux nombreux trésors cachés et jamais retrouvés ! Le plus célèbre aujourd'hui, toujours recherché ardemment par de nombreux intéressés, est celui du pirate La Buse.
En 1721, avec l'aide d'un autre pirate, La Buse avait capturé puis pillé le vaisseau portugais La Vierge du Cap, une véritable merveille de 72 canons.
À l'intérieur, il fit main basse sur des marchandises évaluées aujourd'hui à 4,5 milliards d'euros. Bijoux, diamants, lingots d'or et d'argent, perles, pierres précieuses, vases sacrés ainsi qu'une crosse d'or sertie de rubis appartenant à l'archevêque de Goa et pesant une centaine de kilos.
Bien sûr, La Buse prit soin de dissimuler convenablement ce trésor, se sachant désormais poursuivi par de nombreux autres pirates. Au moment de l'exécution, le 7 juillet 1730, La Buse jeta dans la foule assemblée pour le voir mourir un vieux parchemin couvert d'un cryptogramme mystérieux.
Sa dernière phrase fut : "Mes trésors à qui saura comprendre !"
Inutile de préciser que depuis des fouilles permanentes se succèdent sur les six îles les plus susceptibles de révéler ce fabuleux trésor : Frigate, l'île Maurice, La Réunion, Mahé, Rodrigues et Sainte-Marie.
Le cryptogramme à lui seul occupe des centaines, voire des milliers, d'amateurs cherchant désespérément à le décoder.
Face à cette fougue, à cette passion dont vivent tant de chasseurs de trésors, il est évident que la piraterie est encore loin d'avoir tiré sa révérence…