Depuis des siècles, on l'analyse, on le critique, on le revendique, on le vilipende, on le dénonce, on l'encense, on le hait, on le porte aux nues… Mais aucune spécificité ne suscite autant de perplexité que l'art contemporain.
Bafoué, incompris, méprisé par les uns, il incarne le lien par excellence entre le créateur et le spectateur pour les autres. Car l'art contemporain, plus qu'un art du résultat, est un art de l'acte. On ne pose plus tant la question à savoir ce que sera le résultat d'une création artistique, mais de ce que fut son processus de création.
Le résultat, lui, ne sera jamais que ce qu'en fera le spectateur.
Dans cette perspective inédite de procurer à l'art une dimension autre, le concept de l'art contemporain s'est décliné sous diverses formes, posant et reposant les fameuses questions existentielles inhérentes à toute notion d'art.
Qu'est-ce que l'art ?
Qui peut prétendre au statut d'artiste ? Qui est habilité à juger de ce qu'est ou non une œuvre d'art ? Marcel Duchamp (1887-1968), à qui l'on pourrait attribuer le titre de précurseur de l'art contemporain, soulevait déjà ces interrogations en affirmant qu'un urinoir était un objet d'art.
Ces considérations extravagantes ont d'ailleurs mené les artistes à sortir l'art de sa prison dorée dans les années 1960. Exit les musées, les galeries, les salons privés ou les lieux d"exposition habituels, on a cru pertinent de présenter des œuvres sur les places publiques ou dans des endroits inédits, mais aussi, de modeler l'art dans un milieu naturel.