C'est Aristote qui, au 4e siècle av. J.-C., aurait suggéré l'explication que certaines espèces volaient jusqu'aux régions plus chaudes en hiver afin de trouver une nourriture plus abondante et se reproduire. Cette théorie, pourtant logique, n'a vraisemblablement pas retenu l'attention dans les siècles suivants puisque d'autres théories, assez rocambolesques celles-la, virent le jour au 18e siècle. Des scientifiques respectés avancèrent alors que les oiseaux, l'hiver, devaient hiberner sur le sol, dans la boue, puisqu'on ne les apercevait pas voler.
Encore plus fou le mythe (18e et 19e siècle), soutenu par certains naturalistes enthousiastes, voulant que les oiseaux migraient sur la lune pendant la saison froide. Enfin, d'autres observateurs, tout aussi rigolos, croyaient que les plus petites espèces vogageaient sur le dos des espèces plus grandes, histoire de survivre à la fatigue d'un aussi long périple. Il est évident que les scientifiques s'interrogèrent un bon moment sur la question avant de revenir au bon sens d'Aristote : les conditions de vie et le climat influencent directement leur capacité de survie, ce qui incite conséquemment les oiseaux à voler pour s'assurer le gîte et le couvert.
Connaître la raison de la migration est une chose. Comprendre comment elle se transmet de génération en génération, c'est bien autre chose ! Comment les oiseaux se dirigent-ils ? Comment reconnaissent-ils naturellement leur destination ? À quoi identifient-ils le moment où ils doivent se mettre en route ?
En fait, il s'agit du plus grand mystère dans cette fabuleuse histoire de la migration. Plusieurs scientifiques se sont penchés sur le phénomène et avancent avec certitude que les itinéraires pour atteindre les lieux de nidification sont inscrits dans les gènes de chaque individu, ce bagage génétique étant transmis ensuite par les sujets les plus forts, donc par ceux qui réussissent la traversée.
Car il faut bien le signaler, chaque oiseau qui parvient au terme de cette quête extraordinaire est un champion. Il aura affronté les prédateurs, les tempêtes, le froid, les chasseurs humains, les gratte-ciel de verre, les lignes de haute tension, les avions, la faim, la soif et combien d'autres obstacles encore. Il convient donc de parler d'une sélection naturelle, seuls les individus les plus vigoureux engendrant de nouveaux rejetons.